Maroc

Jour 1 • Ouarzazate - Agdz

Premiers pas vers le Sud marocain

Nous avons atterri à l’aéroport de Ouarzazate, porte d’entrée du grand Sud marocain. À l’arrivée, nous sommes chaleureusement accueillis par une partie de l’équipe qui nous suivra tout au long de cette aventure. En posant le premier pas dehors, les palmiers, la terre rouge et le grand ciel bleu nous font déjà ressentir l’atmosphère du pays !

Nous traversons Ouarzazate pour rejoindre Agdz. Lors du passage du col de Tizi-N-Tinififft, notre regard se porte sur la montagne Kissane surplombant les oasis aux alentours.

Nous arrivons à l’écolodge Bab El Oued, où l’ambiance luxuriante de cette oasis nous immerge rapidement dans l’histoire de la région.

Une fois tous rassemblés, il est temps d’organiser notre attelage avec les guides et de faire l’inventaire de notre matériel. Un carnet artisanal nous est remis individuellement : il nous servira de journal de bord, où nous pourrons l’agrémenter personnellement pendant nos journées de marche. À nous de l’utiliser selon notre envie…

À l’heure du dîner, le moment est propice pour faire connaissance et apprécier cet environnement confortable. Cette nuit, nous dormons dans une grande tente douillette, à côté de celle des guides et avec une salle de bain partagée. À l’intérieur, le charme du sol en bois et des tapis berbères nous invite à passer une bonne nuit de sommeil avant notre grande traversée du pays.

Jour 2 • Agdz - Massif de Saghro

Sous les cieux du Saghro, la caravane s’éveille

Ce matin, nous quittons tôt les lieux pour prendre la route. En partant d’Agdz, direction Nkob et ses kasbahs, les montagnes de Saghro s’observent à notre gauche. Nous laissons derrière nous l’ambiance moderne et vivante des villes pour entrer progressivement dans le calme et l’isolement des montagnes arides.

C’est la fin du trajet dans notre 4×4 : il est temps de décharger le matériel. Nous apercevons notre caravane qui nous attend. Nous faisons connaissance avec nos compagnons de route et leurs mules, qui sont chargées de transporter notre campement pour les prochains jours. Les bêtes attendent patiemment en grignotant quelques brins d’herbe, tandis que toute l’équipe s’active pour charger sur leur dos tout l’attelage. Nous sommes enfin prêts à démarrer notre caravane à pied.

Dans les montagnes du Jbel Saghro, le sol minéral et les vastes vallées sculptent le paysage. Par endroits, le sentier se fait rocailleux, permettant ainsi d’apprécier l’environnement qui s’ouvre devant nous. Au loin, un troupeau de chèvres capte notre regard. Seules quelques maisons parsèment ce lieu, habité par des bergers qui demeurent seuls, plusieurs jours, à ces altitudes.

Le crépuscule teinte le ciel d’une palette d’orange et de rose, nous décidons d’arrêter la caravane pour la nuit. On ressent déjà l’excitation de vivre la première soirée en camp, loin de tout et coupé du monde. Les reliefs impressionnants du Jbel Saghro nous protègent des vents du Sud. Sous la lueur douce du soleil couchant, tout le monde s’adonne au montage des tentes. Il faut comprendre la technique, mais une fois saisie, nous devenons rapidement des experts !

Nous installons nos tentes en toile, chacune équipée de matelas, de duvets confortables et d’un espace improvisé de rangement pour les petites affaires. Au centre du camp, la grande tente caïdale blanche est aménagée avec des tapis berbères, des coussins et des bougies, créant un espace convivial pour se retrouver. C’est le cœur de notre bivouac, où nous partageons nos repas sous le grand ciel étoilé.

Jour 3 • Massif de Saghro

Saveurs et silences du Saghro

Le soleil se lève tout juste sur les terres du massif de l’Anti-Atlas, le plus ancien du Maroc. Après le petit déjeuner, les guides nous apprennent à remballer/lever/plier notre camp. Nous nous enfonçons dans le massif de Saghro, auprès duquel on se sent tout petit. Les paysages sont de plus en plus arides : l’air est sec, il n’y a pas de cours d’eau. Certaines formations rocheuses semblent si lisses qu’on s’imagine le sable et le vent les polir au fil du temps.

Nous prenons une petite pause avec un verre de thé et un goûter. Notre cuisinier commence à préparer le tagine, c’est le moment de se proposer comme commis pour apprendre à mélanger les épices marocaines. Ça sent déjà bon !

La journée de marche nous a mis en appétit : c’est le moment idéal pour apprendre à fabriquer le pain. Les guides nous montrent avec patience la méthode de préparation. Sans planche ni robot, nous n’utilisons que ce que la nature nous offre : avec les herbes récoltées ça et là, nous allumons un petit four fabriqué et enfournons notre pain pétrit. Une fois cuit, il ne reste plus qu’à le déguster !

En fin de journée, nous rejoignons une famille de nomades, installés en ce moment, non loin de notre route. Nos nouveaux voisins vont nous partager leur quotidien pendant les deux prochaines nuits et se proposent de monter avec nous les tentes 3 places en y installant notre oreiller, notre matelas et notre sac de couchage sous le ciel encore baigné de lumière. Une femme de la famille nous propose de faire le pain de la soirée : comme ce midi, on observe et on effectue la technique de pétrissage, puis on enfourne la pâte dans un petit four de fortune chauffé aux braises. Il n’y a plus qu’à laisser la magie opérer.

Le menu de ce soir s’accorde autour d’un tajine : enfants, parents et guides s’affairent autour du grand plat et préparent presque machinalement le repas avec aisance. On se propose alors comme commis de cuisine et, par imitation, il devient plus facile d’apprendre les méthodes ancestrales. Autour de la chaleur du feu de camp, le repas devient un moment précieux de partage malgré la barrière linguistique, où les arômes de la cuisine nous enchantent nos papilles.

Jour 4 • Massif de Saghro

Liens tissés dans le silence du désert

La journée démarre au lever du soleil, accompagnée de l’agitation des bêtes. Aujourd’hui, nous restons au camp et partageons la vie quotidienne de notre famille. On apprend à traire les chèvres, à aller chercher de l’eau au puits en portant les bouteilles d’eau en équilibre sur nos épaules. Nous aidons à réparer les enclos et à entretenir les outils. On prend aussi le temps de confectionner le repas et du pain sous leurs yeux avisés. Autour de nous, les enfants jouent, ajoutant une touche de joie à l’atmosphère.

L’après-midi est consacré au tissage de bracelets en laine de mouton. Pour cela, nous avons ramené notre propre laine et nos fils. On nous initie aux techniques artisanales avec patience à travers chaque étape. Les conversations, ponctuées de gestes et de sourires, enrichissent notre compréhension mutuelle. Au fil du temps, à ces instants où nous tissons ces liens, les valeurs de la vie nomade s’incorporent peu à peu en nous.

À l’heure du crépuscule, il est temps de se rassembler autour du feu de camp, où les histoires et les chants berbères prennent vie. Les légendes du désert sont accompagnées par le son des instruments traditionnels. Dans une atmosphère familiale, le ciel étoilé nous rappelle la beauté de ce mode de vie.

Jour 5 • Massif de Saghro - Zagora

Des sentinelles de pierre à la palmeraie de Zagora

Au rythme du lever de soleil, le désert se réveille doucement dans un calme complet. La routine matinale est bien en place et, tels des habitués, nous empaquetons avec facilité notre matériel. Nous y avons pris goût à cette vie de nomade !

Chaussures aux pieds, on marque le départ. Traversant la région de Bab’n’Ali, où ses majestueuses formations rocheuses émergeant du désert tels des sentinelles, nous nous remémorons les moments forts de ces derniers jours et rions encore des nombreux instants partagés lors de notre périple.

Mohammed nous amène chez ses parents, propriétaires d’un grand terrain tout proche, où ils y vivent. Dans cet hébergement niché entre les montagnes de Saghro, nous profitons d’un déjeuner traditionnel sur la terrasse, préparé par notre hôte quelques instants plus tôt. Puis, une bonne douche nous est proposée pour se rafraîchir avant de préparer la prochaine étape de notre voyage. Pendant ce temps, nous rechargeons nos téléphones et profitons pour laver certains vêtements à la main et avec l’eau du puits.

Il est temps de quitter le massif du Saghro pour rejoindre Zagora. À la sortie de l’Anti-Atlas, nous traversons une route serpentant les paysages arides et passons à travers la palmeraie de Zagora, la plus grande du Maroc.

Cet après-midi, nous nous aventurons le long des Khettaras de la palmeraie de Zagora, ces anciens canaux sculptés à la main par les Berbères. Ces passages souterrains, témoins vivants de la lutte quotidienne contre la sécheresse, montrent la manière dont chaque goutte d’eau est précieusement utilisée pour nourrir les dattiers et les cultures locales dans cette zone semi-aride. On comprend alors la relation vitale entre les habitants locaux et leur environnement, démontrant leur résilience face aux défis de ce climat spécifique.

Après cette visite, nous prenons progressivement la direction vers notre lieu de bivouac du soir. Le paysage aride s’étend à perte de vue, ponctué par les silhouettes lointaines des montagnes. Ici, les quelques étendues de sable et les petites dunes offrent un panorama saisissant. Sous un ciel bleu intense, l’environnement est baigné d’une lumière orangée, créant une atmosphère idéale pour y installer notre tente 3 places avec petit matelas, oreiller et sac de couchage, le tout entre dunes et montagnes.

Jour 6 • Zagora - Désert de M'Hamid El Ghizlane

Premiers pas dans le Sahara, entre dunes, thé et étoiles

Au départ de Zagora, notre immersion dans le désert commence, et sans transition ! Nous quittons la route goudronnée, et l’aventure nomade démarre. À notre arrivée, une caravane nous attend et nous faisons connaissance avec les chameliers et leurs dromadaires, chargés de transporter tout notre attelage.

Nous commençons à fouler la terre aride. Au rythme de nos compagnons d’expédition, nous avançons en suivant leurs pas. Un paysage montagneux nous entoure pour cette première journée. On monte pour atteindre un plateau, puis on redescend pour retrouver la vallée.

Avant de reprendre la route, nous profitons d’un moment pour préparer nous-mêmes le thé à la menthe à la tradition marocaine. Rassemblés autour d’un feu chauffant, l’eau bout tranquillement pendant que l’on choisit les meilleures branches de menthe à faire décanter. Une fois l’eau chauffée à la température parfaite, on laisse le thé infuser, puis la menthe. Pour le sucre, la dose varie selon les envies ! Une fois le thé versé dans nos verres, il n’y a plus qu’à savourer dans le calme et la tranquillité.

Avant que la nuit ne tombe, nous installons notre campement au cœur du désert. Guidés par nos experts chevronnés, nous apprenons les rudiments du feu, en partant sélectionner d’abord le bois, puis en maîtrisant la technique pour l’allumer. Il faut s’y reprendre à plusieurs reprises pour avoir une petite flamme, mais la patience finit toujours par porter ses fruits.

Pendant que le crépitement du feu réchauffe l’air du désert, nous préparons un tajine avec les denrées que nous transportons. Il existe tant de recettes de tajines, transmises à travers les générations ! Dans un grand plat de terre cuit à la forme si iconique, nous y incorporons les légumes, la viande marinée et les épices aux odeurs intenses. Puis déposé avec précaution sur les braises de notre feu, le tajine cuit lentement et à feu doux pour que les arômes puissent bien s’y développer à l’intérieur. Une fois cuit, le couvercle se soulève et une vapeur aux mille saveurs se dégage du plat. Le repas va être excellent…

À l’heure du coucher, nous prenons le temps d’observer un des trésors du Sahara : un ciel étoilé loin de toute pollution lumineuse, offrant une toile de fond à notre expérience nocturne.

Jour 7 • Désert de M'Hamid El Ghizlane

Chegaga, entre sable et silence

Aujourd’hui, nous marchons à travers un territoire où toute trace d’existence humaine est rare, où le silence est roi. On transite entre la vallée et le désert de sable.

Notre guide organise un déjeuner sauvage au beau milieu de l’immensité. À l’ombre d’un acacia, nous profitons de ce moment ensemble. Une sieste s’impose tout naturellement après un dernier verre de thé. Petit à petit, nous commençons à ressentir le calme et la sérénité des lieux… Nous continuons notre marche : au loin, il est impossible de ne pas apercevoir l’Erg Chegaga. Ces dunes sont les plus grandes de cette partie du Sahara. Notre caravane prend leurs directions et, sur un petit plateau entre deux dunes, nous installons notre bivouac sauvage.

La vie de nomade nous gagne. Après avoir installé nos tentes personnelles et la grande tente commune, nous partons à la recherche d’un puits. Il faut dire que sans eau courante, les préoccupations ne sont plus les mêmes que d’habitude. De retour au camp, le cuisinier nous propose de préparer le pain avec lui, mais pas n’importe lequel : celui que les nomades du désert font cuire dans le sable. Nous préparons tout : la pâte à pain, le feu de bois et le sable chaud. Il accompagnera avec brio notre tagine du soir.

La lune se lève dans le ciel, nous dormons à la belle étoile ce soir. Dans le désert, cette expérience visuelle, olfactive et sonore promet d’être des plus déroutantes. Notre duvet sous le bras, nous partons à la recherche d’un coin propice et adapté, selon notre envie, pour y passer la nuit : il faut dire que nous avons un choix royal. Une fois bien installés, on s’adonne à l’observation des lumières du ciel, dans le silence le plus total. On s’endort tranquillement, bercé par la danse du firmament étoilé. Pas de doute, la nature est le plus bel hôtel qui puisse exister !

Jour 8 • Désert de M'Hamid El Ghizlane

Désert vivant, désert vibrant

Nous reprenons notre chemin sur le sol chaud, nous avançons paisiblement au rythme de la caravane. Notre virée dans le désert se poursuit, en direction d’une oasis. Des palmiers et anciennes habitations se dessinent au loin. Nous profitons des arbres pour installer notre cuisine sauvage à l’ombre et déjeuner au frais.

La caravane reprend sa marche en plein désert. L’horizon est sans fin, notre regard se porte au loin à la recherche d’une éventuelle trace animale.

L’emplacement du bivouac du jour est choisi, et encore une fois, pas de voisin aux alentours. Le défi du jour sera celui de faire le pain, mais cette fois sans aide ! Nous reproduisons les étapes de fabrication et de cuisson selon nos souvenirs… On se rend vite compte que l’expérience est plus compliquée qu’elle n’y paraît. Nous profitons aussi de ce moment réservé à la cuisine pour préparer le goûter. Au menu : de délicieuses crêpes ou des beignets. Tout le monde participe à la préparation, c’est ça aussi l’esprit nomade.

Nous allons utiliser la chaleur du désert à notre avantage : en installant une douche solaire portable au camp, nous allons pouvoir se rafraîchir après cette longue journée. Chacun retrouve un moment d’intimité pour se détendre et se ressourcer.

En fin de journée, nous profitons d’un moment seul, immergés dans le calme du désert de M’hamid. C’est un temps idéal pour la méditation, permettant de se reconnecter avec soi-même et la nature. On se retrouve entouré de dunes de sable doré qui changent de forme avec le vent. Les rayons du soleil déclinant à l’horizon enveloppent le paysage d’une lumière apaisante. Tout ceci crée une atmosphère sereine, parfaite pour la réflexion et l’appréciation de la beauté brute du désert.

Pendant que nous montons avec aisance notre camp de ce soir, nous prenons conscience que c’est grâce à un matériel qui semble aux premiers abords simpliste que nous pouvons profiter d’expériences profondes et complexes. Les tentes cousues d’une toile épaisse, nos matelas et duvets confortables, les tapis et autres mobiliers aux motifs millénaires fabriqués à la main… Parfois, le vrai luxe se retrouve là où l’on s’y attend le moins. Autour du feu de camp ce soir, l’ambiance se crée et nous nous amusons autour de cette chaleureuse atmosphère, puis la musique remplace rapidement les discussions.

Jour 9 • Désert de M'Hamid El Ghizlane

Les yeux bandés, les sens éveillés

L’odeur du café parfumé nous fait sortir de la tente, motivés par cette nouvelle journée à expérimenter la vie de nomade. Le petit déjeuner est local et copieux.

Aujourd’hui et pendant une heure, nous décidons de faire une expérience sensorielle atypique : marcher dans le désert les yeux bandés. Guidés par une personne du groupe, nous enfilons notre ruban autour de nos yeux et, privés de notre vue, nos sens s’aiguisent dès les premières minutes. D’abord, sous nos pieds, où on ressent chaque pas s’enfonçant légèrement dans le sable chaud. Puis le souffle du vent, transportant des grains de sable qui effleurent notre peau. Enfin, le silence profond et presque tangible du désert nous fait concentrer sur le bruit des pas et de notre respiration.

Après avoir trouvé un coin tranquille et protégé, les tentes, la cuisine et tout le confort nécessaire pour cette nuit sont déballés. L’occasion se présente de refaire du pain dans le sable du désert. En se remémorant notre expérience antérieure, on perfectionne la technique de pétrissage et formons nos pains. Une fois prêts, ils sont enfouis entre les braises ardentes et le sable encore chaud, révélant ainsi toute sa saveur unique et sa texture rustique.

En fin de journée, nous grimpons sur les dunes pour prendre de la hauteur et nous laisser porter par le coucher du soleil. Captivés par ces couleurs chaudes et ces jeux de lumière, nous nous éternisons, ici, pour profiter du spectacle jusqu’au bout et vivre pleinement ce moment suspendu. Un instant hors du temps.

Jour 10 • Désert de M'Hamid El Ghizlane - Tata

Derniers instants dans le Sahara : entre traditions et retour à la civilisation

Avec le soleil comme horloge, nous remballons le camp au petit matin et prenons le dernier tronçon de chemin qui nous mène à la sortie du désert.

Le thé à la menthe nous accompagne chaque jour : on improvise alors un concours de thé, où le campement se transforme en véritable atelier culinaire. Dans un air embaumé d’un bon parfum, les rires et les encouragements fusent. Qui arrivera à verser le plus haut thé ? Aucune goutte ne doit être perdue !

Nous quittons le désert de M’Hamid El Ghizlane en direction de la petite oasis de Tata, située au sud de l’Anti-Atlas. Nous traversons le désert et profitons des derniers instants dans le Sahara avant que les roues retrouvent la route goudronnée. Pendant le trajet, nous passons par la petite ville de Foum Zguid.

Telles les tribus nomades, notre itinérance nous amène à transiter entre différentes régions. On se rend alors compte de l’importance des matériaux que nous utilisons et de la place qu’ils peuvent prendre dans notre caravane. Cet attelage, condensé au maximum nous suffit pour vivre notre aventure de manière simple tout en gardant un certain confort.

Jour 11 • Tata - Région de Tafraoute

Accueil berbère à Albid : immersion au cœur des traditions de l’Anti-Atlas

Aux premières lueurs du jour, nous nous réveillons tranquillement et après le petit déjeuner, nous sommes prêts à entamer une nouvelle partie du voyage. Sur la route sinueuse qui traverse les montagnes de l’Anti-Atlas, le paysage se transforme sous nos yeux où les vallées verdoyantes et les formations rocheuses nous mènent à la région de Tafraoute.

Quelques heures de route plus tard, nous atteignons le village d’Albid, niché entre les collines granitiques. Nous sommes chaleureusement accueillis par une famille berbère qui nous hébergera durant les trois prochains jours. On ressent dès la première entrevue une hospitalité sincère, s’accompagnant toujours de sourires. Les femmes de la famille, aux vêtements traditionnels colorés, nous amènent vers notre emplacement pour la nuit.

La faim se fait sentir et nos hôtes nous convient à un véritable festival des sens. Autour des tables basses, nous partageons un délicieux repas parfumé et le pain fait maison, suivi d’une verveine de leur plantation. Les femmes nous expliquent avec grande fierté les secrets de leurs recettes. On discute avec les hommes de leur vie quotidienne et de leurs métiers, essentiellement centrés autour de l’élevage et de l’agriculture, des pratiques millénaires qui rythment leur existence.

Jour 12 • Région de Tafraoute

Au cœur du village berbère : traditions, savoir-faire et vie quotidienne

Ce matin, on se réveille au chant des oiseaux et à la lumière du soleil réchauffant doucement la tente. Nous sommes invités à explorer la vie quotidienne de ce petit village berbère. Véritables piliers de la communauté, les femmes nous proposent de les accompagner pour laver le linge à la main. Nous saisissons cette occasion pour y laver aussi nos affaires. On échange quelques sourires et regards avec nos voisines pendant que l’on frotte et rince énergiquement nos vêtements dans les bassines moussantes. Une fois la tâche accomplie, nous partons chercher de l’eau au puits le plus proche, une activité essentielle et nécessaire à la vie quotidienne, qui nous rappelle l’importance des ressources naturelles dans une région aride.

De retour au village, on se retrouve dans la cuisine de notre famille d’accueil où l’on nous invite à la fabrication de pâtisseries. On pétrit les différentes pâtes, formons des petits gâteaux et les enfournons. Une fois les pâtisseries prêtes, nous organisons un goûter pour les enfants du village. Tout en appréciant ces douceurs sucrées, leur contentement remplit l’air de bonheur et de convivialité.

Un peu plus tard, nous participons à un atelier d’artisanat dans un tout petit local entre les étroites ruelles et les maisons en pisé. Nous allons apprendre à fabriquer des bijoux et autres objets en argent, une tradition artisanale très répandue chez les Berbères. Sous l’œil expert d’un artisan, nous découvrons les techniques et manipulons avec précaution nos créations. Gravure, martelage et assemblage sont au rendez-vous pour créer des pièces uniques et inspirées de motifs Amazighs. Ce partage de savoir nous offre une nouvelle perspective sur la richesse culturelle et artistique des habitants de la région qui, il y a peut-être quelques générations, ont choisi de quitter le mode de vie nomade pour une vie sédentaire.

Jour 13 • Région de Tafraoute

Au souk du village : préparation d’un festin traditionnel et soirée festive

Le jour s’est levé et il est temps de nous préparer pour aller au souk le plus proche du village. Dans ce marché vibrant, c’est une micro-société qui s’anime le temps d’une journée. Nous prenons le transport en commun du village et nous sommes emmenés lentement à destination. Mêlés à la foule animée où les étals regorgent d’herbes, de légumes, de viandes et de fruits frais, nous sélectionnons avec soin les denrées nécessaires pour préparer un festin que nous organisons ce soir-même. Nos accompagnateurs nous inspirent avec leurs conseils et les bonnes idées fusent tout autant que les animations et les odeurs vivifiantes du marché.

De retour, le reste de la journée est consacré aux préparatifs de la soirée. Les femmes nous montrent comment préparer les plats traditionnels avec les ingrédients que nous avons rapportés du souk. Les légumes sont hachés, la viande est marinée aux herbes et aux épices dans des tajines prêts à être enfournés. En fin de journée, le village se transforme petit à petit, où les tapis traditionnels cohabitent avec les coussins et les lanternes suspendues pour nous éclairer la nuit. La soirée promet d’être animée…

La nuit commence à tomber et les habitants arrivent tour à tour. Des airs traditionnels sortent avec entrain des instruments de musique, agrémentant avec joie et célébration une animation pour le repas. Nous servons notre festin durement préparé et nous partageons ce moment sous un ciel étoilé et frais, dans une ambiance chaleureuse et propice aux rencontres. Des souvenirs inoubliables se créent…

Jour 14 • Région de Tafraoute - Plage Blanche

L'ultime bivouac entre désert et océan

Nous quittons la région de Tafraoute pour rejoindre la Plage Blanche, notre dernière grande étape pour cette aventure. Entre petites montagnes et désert, les paysages défilent sur la route. Nous passons par la palmeraie de Tighmert avant de ressentir peu à peu la brise marine de la côte Atlantique.

Le début de la Plage Blanche commence ici. C’est un coin de paradis et pourtant complètement désertique. Considérée comme la plus belle plage du Maroc, c’est également la plus longue avec ses 40 km de sable, sans aucun obstacle tout le long. Une immensité dont on ne peut se rendre compte tant l’horizon continue à perte de vue.

Les roues de notre 4×4 atteignent le sable. Nous devons maintenant vérifier si la marée est assez basse pour traverser la plage, car l’accès n’est possible que par la côte. Dès que notre guide valide les conditions, nous roulons direction plein sud, sur des kilomètres.

Nous marquons un arrêt pour manger en pleine nature, avec comme spectacle le clapotage des vagues à quelques mètres. Notre mission consiste maintenant à définir l’endroit qui nous plaira pour installer notre bivouac. Nous y resterons pour les prochains jours, alors autant bien choisir notre emplacement ! Entre deux dunes à l’abri du vent, on décharge finalement nos bagages et y installons tout notre matériel.

Confortablement installés dans notre tente en toile, le bruit léger des vagues vient nous bercer lentement. Dans un grand silence, on se sent au chaud dans ce cocon douillet.

Jour 15 • Plage Blanche

Pêche, sieste et baignade sous la lune

Aux premières lueurs du soleil, nous nous réveillons dans cet endroit où le temps semble s’être arrêté. Le sable blanc commence lentement à chauffer sous nos pieds, tandis qu’au loin, un pêcheur s’approche. En selle sur son vélo, nous sommes un peu intrigués par ce drôle de personnage. Cet habitant de la côte nous invite à le rejoindre pour une matinée de pêche. Il a une petite cabane de fortune pour y protéger son équipement. Il nous confie tout de suite des rôles et nous apprenons sa technique avec les moyens du bord. Avec une grande patience, il nous montre comment préparer et lancer nos lignes. Il ne reste plus qu’à attendre le poisson…

La pêche a été bonne ! Le repas est accompagné de l’air frais de l’océan et du crépitement du petit bois en toile de fond. Dans ce coin de paradis nous apprécions particulièrement, il n’y a pas d’eau potable, pas d’électricité et pas de réseau. On retrouve une fois de plus un quotidien très simple et proche de la nature.

Après ce déjeuner copieux, nous profitons d’un moment de détente sur la plage. Le lit de sable blanc offre un endroit parfait pour une sieste. Allongés sous un parasol improvisé, on se laisse bercer par le bruit des vagues caressant doucement le rivage. L’air iodé de l’océan et le cri lointain des oiseaux nous enveloppent dans un moment de sommeil profond. C’est un moment suspendu, où on s’y sent bien, qu’on serait presque tenté d’y dormir pour la nuit.

La douceur de la fin de journée s’installe et le soleil se couche lentement sur l’océan, nous offrant un spectacle enflammé aux mille nuances de rouge. On se retrouve autour d’un bon repas et nous prenons le temps de discuter de ces derniers jours intenses en émotions et en couleurs. La sieste de l’après-midi nous a redonné de l’énergie. Une envie de baignade nocturne s’empare de nous et, maillots de bain enfilés, nous courons en direction de la mer. Malgré une eau un peu fraîche, la grande lune se reflétant sur les petites vagues nous rappelle la richesse de ces moments vécus…

Jour 16 • Plage Blanche

Secrets du désert et rencontres avec la nature

Malgré ses airs austères et désertiques, cette région nous réserve encore bien des secrets : nous prenons le temps d’observer les habitants des terres que nous venons de fouler : les oiseaux. On peut y voir ici, si nous avons de la chance, certaines espèces endémiques et uniques comme le flamant rose, le goéland d’Audouin et le gravelot. Notre guide, véritable encyclopédie vivante de la région, nous apprend à les reconnaître, les observer, les comprendre afin de savoir les préserver. Ensemble, nous découvrons les comportements et habitats de nos voisins, où chaque information apprise devient une leçon authentique sur la biodiversité locale.

Nous retrouvons le sable chaud pour un moment de lecture et de détente. Plongés dans un livre sous notre parasol improvisé ou sous la grande tente commune, on oublie presque le chant des oiseaux : certains curieux sont venus à notre rencontre.

Jour 17 • Plage Blanche - Mirleft

Fin d’une vie nomade et retour à Mirleft

C’est le dernier jour d’itinérance de notre caravane, nos derniers instants de vie nomade semblent prendre fin. Avec une pointe de nostalgie, nous remballons une dernière fois notre camp. Chaque objet est rangé avec soin, le mobilier est dépoussiéré et les tentes sont pliées. L’heure du départ a sonné, nous prenons une dernière fois le chemin de l’aventure en emportant avec nous le souvenir des paysages. Les oiseaux volent à l’approche de notre véhicule, décollent et planent à quelques centimètres du sable pour s’installer de nouveau un peu plus loin, comme pour nous dire au revoir.

Nous prenons la direction de Mirleft. Sur cette belle route souvent désertique avec l’océan Atlantique sur notre gauche, nous traversons quelques rares petits villages côtiers.

Nous arrivons à l’hébergement « Les 3 Chameaux », notre gîte pour la nuit. Pour finir cette belle aventure, nous allons nous détendre dans un hammam traditionnel, un bain chaud à la vapeur d’eau. Nous reprenons progressivement des forces et notre corps se détend, petit à petit. Ce moment tant attendu est des plus mérités, il n’y a rien de mieux pour se ressourcer.

Une fois confortablement installés dans nos chambres, on redécouvre progressivement les commodités de la vie moderne et on se délie peu à peu de cette atmosphère nomade qui nous a accompagnée durant ces derniers jours. Ce soir, tous assis autour d’une table, nous partageons un repas. Dans une convivialité semblable à celle de notre voyage, on savoure ces derniers instants, détendus et relaxés. Entre discussions et souvenirs, nous nous faisons doucement à l’idée de devoir achever cette aventure et quitter le pays le lendemain. Nous nous remémorons intensément, dans cette ambiance festive, les moments partagés durant cette expérience humaine qui restera gravée dans nos mémoires.